Laissez-moi jeter un pavé dans la mare!

Pour la énième fois, j'entends cette histoire similaire. Une jeune femme - de 33 ans cette fois - qui, sentant une masse inhabituelle, doit insister auprès de son gynécologue pour recevoir une ordonnance pour une mammographie. Il finit par la lui donner en disant "si cela peut vous rassurer". Résultat: Cancer, Stade III.

De quand je travaillais sur les itinéraires cliniques il y a 10 ans de cela, je me rappelle très bien cette conférence à laquelle j’avais assisté à la Clinique du Sein de Saint-Elizabeth. Un oncologue présentait l’état des connaissances scientifiques et faisait le point sur la prévention et le dépistage.

Je me souviens qu’il insistait auprès de ses collègues sur l’importance du dépistage. Je me souviens qu’il disait qu’il fallait que chaque femme sache et régulièrement se masse. Je me souviens qu’il rigolait un peu sur le rôle du conjoint. Je me souviens aussi qu’il indiquait le rôle crucial des médecins généralistes et des gynécologues, et à quel point il restait du travail de sensibilisation à ce sujet.

(Je suis sûr que ce n'est pas vrai - je ne travaille plus dans le domaine - mais) 10 ans plus tard, c'est un peu comme si rien n'avait changé. Singulièrement je n'avais pas imaginé que la femme ou conjoint sache et le médecin pas. Derrière la relation thérapeutique, l'autorité scientifique. L'autorité devenue schizophrène il reste l'insistance têtue, rempart bien trop fragile pour qui veut être sauvée car déjà rassurée.

Je sais le mal dans les familles que réveille le fait d'en (re)parler. Je sais le bien pour elles d'en parler mais entre elles. Grâce à lui, grâce à elles, je sais pourtant l'importance d'en parler haut et fort. Parce qu'en 2021, il reste du travail de sensibilisation à ce sujet.

Puissent les têtues et les bornées - mais aussi toutes les autres, et puis tous leurs conjoints - face au médecin ou un gynécologue qui répond "si cela peut vous rassurer" oser un: