J'ai participé hier comme observateur à l'Assemblée Générale d'Alterezo, petite asbl créée en 2004 pour (je cite) faciliter l’accès aux outils de communication via Internet aux associations militantes ou actives dans le secteur culturel en Belgique francophone.
Fondée par François Schreuer alors actif à l'AGL de l'Université Catholique de Louvain (à l'époque), l'asbl a vu quelques noms bien connus du petit monde du logiciel libre de Louvain-la-Neuve y contribuer techniquement au fil du temps: Antony Lesuisse, Lionel Dricot (alias Ploum), Simon van der Linden, pour n'en citer que quelques-uns.
Si l'asbl fût un peu moins active ces dernières années - elle héberge cependant toujours sites web et listes de diffusion d'un certain nombre d'associations - l'assemblée générale a été l'occasion de redécouvrir son histoire, et de discuter de sa pertinence et de sa mission en 2023.
Pour éclairer mon propre avis sur cette question, j'ai pris le temps de me documenter un peu plus sur des initiatives similaires - dans les services offerts et/ou dans l'esprit - comme par exemple <dom@ine*public /> et Nubo que l'on avait évoqués.
Dans toutes ces initiatives, la volonté (bien louable) de s'affranchir des GAFAM et autres multinationales n'est jamais bien loin. Si j'adhère philosophiquement, j'aimerais offrir un commentaire. C'est la lecture du business plan de Nubo en particulier et des discussions de son Agora, qui m'amènent à commenter, de manière similaire à ce que j'avais écrit sur Linkedin à propos de NewB:
Fondée par François Schreuer alors actif à l'AGL de l'Université Catholique de Louvain (à l'époque), l'asbl a vu quelques noms bien connus du petit monde du logiciel libre de Louvain-la-Neuve y contribuer techniquement au fil du temps: Antony Lesuisse, Lionel Dricot (alias Ploum), Simon van der Linden, pour n'en citer que quelques-uns.
Si l'asbl fût un peu moins active ces dernières années - elle héberge cependant toujours sites web et listes de diffusion d'un certain nombre d'associations - l'assemblée générale a été l'occasion de redécouvrir son histoire, et de discuter de sa pertinence et de sa mission en 2023.
Pour éclairer mon propre avis sur cette question, j'ai pris le temps de me documenter un peu plus sur des initiatives similaires - dans les services offerts et/ou dans l'esprit - comme par exemple <dom@ine*public /> et Nubo que l'on avait évoqués.
Dans toutes ces initiatives, la volonté (bien louable) de s'affranchir des GAFAM et autres multinationales n'est jamais bien loin. Si j'adhère philosophiquement, j'aimerais offrir un commentaire. C'est la lecture du business plan de Nubo en particulier et des discussions de son Agora, qui m'amènent à commenter, de manière similaire à ce que j'avais écrit sur Linkedin à propos de NewB:
Il n'est pas possible de reprendre massivement des utilisateurs aux GAFAM (ou aux banques) sans offrir une expérience utilisateur drastiquement meilleure, et ce, dès les premières étapes de la transition qui leur est de facto demandée.
Je suis le premier à le regretter, mais qu'il s'agisse d'écologie, de combat social ou de logiciel libre, rares sont celles et ceux qui voient dans la dimension philosophique ou politique d'un choix une raison suffisante d'accepter une régression d'expérience utilisateur ou un effort conséquent.
Si NewB souhaite reprendre de l'épargne citoyenne aux grandes banques, c'est le transfert de cette épargne en toute simplicité qu'elle doit organiser, ce que l'on ne l'a jamais vu faire correctement (même ouvrir un compte et l'utiliser depuis un Galaxy S10, l'un des téléphones les plus vendus les dix dernières années, était malheureusement impossible).
De la même façon, si Nubo souhaite reprendre des utilisateurs à Gmail (Nubo doit atteindre 2000 utilisateurs pour atteindre son seuil de rentabilité), c'est de l'envoi et la réception d'emails depuis leur adresse actuelle qu'il s'agit en premier... car c'est là que l'effort de transition a lieu (p.ex. personne ne veut perdre d'email important, ou ne peut garantir qu'un contact n'écrira pas sur son ancienne adresse)
Bonne chance, donc. Car s'il est loin d'être impossible d'offrir une expérience utilisateur meilleure que les GAFAM pour un service donné (Basecamp l'a récemment fait sur l'email avec HEY par exemple), l'effort pour organiser la meilleure transition possible incombe 100% au nouveau venu, alors même qu'offrir une expérience utilisateur irréprochable demande des ressources techniques et financières conséquentes... David & Goliath.
On peut néanmoins aborder ces questions avec d'autres leviers systémiques, même si cela donne lieu à des combats d'une temporalité différente. Ainsi, sur la question de l'adresse email par exemple, on peut envisager un combat politique qui verrait à terme une adresse email (bruno@gmail.com) appartenir légalement à son utilisateur (bruno) et non au propriétaire du domaine sous-jacent (gmail.com, soit Google). A charge alors des opérateurs de garantir que les emails envoyés à cette adresse puissent être acheminés aisément vers l'hébergeur du moment. Si on l'a fait sur les numéros de téléphonie mobile, pourquoi pas sur les emails...
De manière amusante, cela me ramène à la même université et les mêmes années. Diplômé en 2003, je devenais chercheur de l'UCL qu'Alterezo y naissait donc. Mon adresse bernard.lambeau@uclouvain.be est écrite sur la première page de chaque article scientifique que j'ai écrit entre 2003 et 2014, mais fût supprimée en 2016, soit seulement deux ans après mon départ de l'université (alors que mon premier article est encore fréquemment cité ces jours-ci). Il est amusant d'apprendre que certains sites hébergés par Alterezo ou domainepublic.net le sont toujours plus de vingt ans après leur premier serveur. Ce n'est donc pas toujours ceux qui ont le plus d'argent qui offrent le plus de stabilité au temps. Pas sûr que ce soit rassurant...