Elisabeth Degryse, ministre présidente Engagée, déclarait récemment face à l’opposition (qui craint une politique d’austérité pour les 5 prochaines années):
L’austérité c’est lorsque l’on renonce à aller chez le médecin, une gestion responsable c’est lorsque l’on renonce à acheter ce pull qui nous plait tant mais dont on n’a pas vraiment besoin.
Au même moment, David Clarinval, vice premier MR, justifiait (en substance) le blocage de subsides considérés "trop proches d’Ecolo" ainsi:
Ce blocage [des subsides pour la protection des écosystèmes marins et ceux pour l’initiative visant à éviter les dommages chimiques, entre autres] relève d’une saine prudence budgétaire.
On retrouve la petite musique installée par Georges-Louis Bouchez dès la campagne (rejoint par Maxime Prevot depuis): certains subsides seraient "trop politiques", une justification tranquille pour déconstruire toute politique d’un gouvernement précédent qui ne serait pas assez consensuelle en quelque sorte.
Cette petite musique, et l’action de Clarinval en particulier, relève d’un manque criant de discernement, pour au moins trois raisons.
- D’abord parce que remettre en cause des subsides spécifiques accordés légalement revient à nier la démocratie. La notion de "trop politique" sur un cas particulier n’a aucun sens dès lors que cette politique émane d'un pouvoir en place, élu démocratiquement (ne pas renouveler un subside est d’un autre ordre bien sûr, mais ce n’est pas ce dont on parle ici)
- Ensuite car cela justifie à l’avance un comportement similaire dans le futur vis à vis des politiques du couple Engagés/MR. On voit d’ici les montants alloués à la transition numérique (et singulièrement à l’IA) bloqués car "trop politiques", bloquant par là des projets de transformation complexes au milieu du gué. L’annulation prématurée d’un projet crée autant de gaspillage d’argent public, si pas plus, qu'une allocation discutable.
- Enfin, et sans doute le plus important, c’est un manque criant de discernement car c’est méconnaître, voire nier, l’état des connaissances scientifiques des limites planétaires*. Les écosystèmes marins n’ont aucun besoin d’une économie florissante, de transformation numérique ou d’IA. L’inverse n’est pas vrai: aucune de ces trois choses n’existe sans écosystèmes en bonne santé.
Comme Elisabeth Degryse suggère qu’il existe des choses "plus importantes que d’autres", je l’invite elle et ses collègues à préciser cette réflexion en osant le discernement "hiérarchique" sur quelques exercices simples (le faux dilemne est ici nécessaire à l'exercice) :
- L'électricité est-elle plus importante dans un hôpital ou dans le data center de ChatGPT ?
- L'économie est-elle plus importante que la viablité sur Terre ?
- etc.
Et peut-être plus important dans le cas qui occupe ici :
- Les écosystèmes marins sont-ils plus ou moins importants que la détestation des Ecolos ?
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* On a déjà beaucoup commenté la phrase de Georges-Louis Bouchez qui invitait à laisser le pays aux mains des ingénieurs plutôt qu’aux poètes. Je ne peux m’empêcher de craindre que cette dichotomie stupide revienne surtout à ne pas y inviter les scientifiques. Dont acte.
* On a déjà beaucoup commenté la phrase de Georges-Louis Bouchez qui invitait à laisser le pays aux mains des ingénieurs plutôt qu’aux poètes. Je ne peux m’empêcher de craindre que cette dichotomie stupide revienne surtout à ne pas y inviter les scientifiques. Dont acte.