Bernard Lambeau

July 22, 2021

Un réseau humain de vigilance et d'action - Episode 1

nature-3294681_19201-1200x700.jpg


Cela fait déjà un moment que j'ai cette idée au fond de la tête. Les événements des dernières années - la canicule de 2018, la crise du COVID en 2020, les innondations catastrophiques de juillet 2021 - m'ont décidé à y travailler de manière plus concrète...

Lors des événements précités, j'ai été comme beaucoup d'autres attristé et/ou choqué - quoique pas réellement étonné - lorsqu'il est apparu que quelques un.e.s craignaient (voire savaient) ce qu'il allait arriver, mais ne sont pas parvenus à changer le cours des événements... Il semble naturel, lorsque de tels événements mènent à des morts et des blessés graves, de vouloir améliorer les choses en prévision de la "prochaine fois".

Dans le cadre des innondations récentes, par exemple, je vous invite à lire le travail de collecte d'infos et de questions - base fondamentale d'un processus d'amélioration - effectué par Laurent et quelques collaborateurs sur Twitter, et qui pointe dors et déjà quelques manquements. Au vu de la gravité, on ne doute pas qu'une commission d'enquête prendra le relais de manière plus formelle dans ce type de travail (au moment de relire ces lignes j'apprends d'ailleurs que les choses s'accélèrent).

Mon attention ici ne porte pas sur un événement particulier comme ces innondations, mais cherche à réfléchir à la problématique de manière plus meta, c'est à dire pour un ensemble de situations similaires. On peut légitimement émettre des doutes sur l'intérêt d'une telle entreprise, dès lors qu'elle se donnerait pour objectif d'apporter une solution unique ou magique. J'aurai l'occasion d'aborder ce point par la suite.

Observez cependant qu'un pattern problématique est souvent observé: a) des signes précurseurs mènent des premiers lanceurs d'alertes à émettre des doutes ou des craintes b) la chaîne se casse ensuite - en tout ou partie - et des actions préventives ou correctives ne sont pas ou mal mises en place pour éviter la catastrophe ou en limiter les effets c) on enquête ensuite et on se dit "si seulement..." d) dans le meilleur des cas des responsabilités sont identifiées, des démissions ont lieu, quelques changements sont apportés e) on espère que ces corrections seront efficaces pour éviter la même situation ultérieurement, f) le diable chassé par la porte nous revient par la fenêtre...

A première vue il semble naïf de vouloir améliorer tout cela au niveau meta. Dans une certaine mesure ce processus d'amélioration est bien rôdé et appliqué par Sapiens de manière naturelle depuis la nuit des temps sur chaque situation particulière, formalisé parfois quand les risques sont très grands (nucléaire, transport, etc.). Par ailleurs, il semble peu probable qu'on puisse détecter et suivre tous les signes de danger et y répondre systématiquement de manière adéquate. Laissons cela. C'est la vie.

C'est vrai.



Tout en même temps, c'est dans notre nature d'homme de s'insatisfaire d'une situation, d'y réfléchir, d'y trouver des pistes de solution. C'est ce que je me propose de faire dans cette série, simplement. Si vous trouvez l'idée bonne, mauvaise, inspirante, écrivez-moi ; je saurai alors adapter mes pensées et mon écrit à votre retour et vos questions.

J'aurai l'occasion dès l'épisode suivant de préciser d' je parle, afin que vous puissiez juger par vous-mêmes si vous lisez les lignes d'un olibrius brainstormant, d'une personne qualifiée, ou - plus probablement - d'une combinaison des deux.

Avant cela, laissez moi introduire l'idée elle-même, de manière résumée.




Il me semble que nous ayons collectivement un problème de remontée des signaux faibles et de mécanisme de réaction efficace dans les cas où ces signaux reflètent de réels danger. Il me semble qu'il serait dès lors utile de mettre en place un réseau de vigilance et d'action face aux risques (par exemple dans le cadre du changement climatique, sans surtout s'y focaliser exclusivement). Ce réseau ne serait ni "citoyen", ni "public" ou "administratif", dans le sens où il incluerait utilement toutes ces catégories. Je le qualifie d'humain parce qu'il ne s'agit pas en premier lieu d'un réseau technologique, sans qu'il n'exclue l'aide de cette dernière.

Un tel réseau serait intuitivement composé de senseurs, en charge d'identifier les signaux à suivre, de filtres, d'amplificateurs et de courroies, qui sélectionneraient les signaux importants, les enrichiraient et leur donneraient de la visibilité, et les transmettraient de proche en proche vers les actuateurs, en charge de les transformer en décisions et réactions concrètes, de manière proportionnée en fonction des critères d'urgence, de gravité mais également d'effets rebonds.

On s'inspirera utilement à la fois des techniques de gestion de risque, de la robustesse des systèmes redondants et de la résilience des systèmes répartis. Il me semble qu'il faille également prendre en compte nombre d'évolutions sociétales en cours, qu'il s'agisse de participation et d'intelligence collective, de transparence des données et des décisions, voire de désobéissance.

Tout un programme...



Je suis coincé quelque part entre "rien de neuf sous le soleil ; sur le plan sociétal, nous sommes précisément organisés de la sorte" et "oui bien sûr, poursuivons l'étude de ce réseau qui nous serait bien utile". Pour y voir plus clair, il me faut je suppose préciser la mission exacte du réseau. A chaud je dirais qu'il sagit de "sauver des vies en empêchant des catastrophes ou en limitant les effets, avec une obligation de résultats", même si j'admets que ça peut prêter à sourire.

Suite, au prochain épisode, selon l'expression consacrée.