Comme beaucoup d’entrepreneurs, j’ai rencontré pas mal d’échecs plus ou moins douloureux, et aussi quelques réussites, notamment ces dix dernières années aux Etats-Unis.

Je ne l’ai appris que plus tard, mais savoir que j’aimais passionnément ce que je faisais tout en gagnant très bien ma vie, rendait mon père très fier de moi.

Et je crois que sa fierté était aussi un peu égoïste et venait de sa satisfaction de m’avoir armé pour que je puisse “réussir dans la vie”.

Il avait raison ; son influence a été décisive pour dessiner la personne que je suis devenu.

Il me manque beaucoup.

L’année dernière, j’ai fermé Digidust, mon agence marketing.

Après toutes ces années et tous ces projets clients, j’avais le sentiment d’avoir fait le tour du sujet. J’avais réduit l’agence à sa taille minimum possible, avec une dizaine de personnes à plus ou moins temps plein, et n’avais aucune intention de la développer à nouveau.

Je ne pouvais pas non plus la vendre sans y rester au moins un an ou deux pour la transmission, et ça ne m’intéressait pas.

Surtout, j’avais envie de faire quelque chose qui soit plus matériel d’une part, et qui donne plus de sens à ma vie d’autre part.

Aujourd’hui, à 52 ans, je pense que je veux suivre les pas de mon père et transmettre à mes enfants autre chose qu’un peu de patrimoine, en commençant par Killian, mon fils ainé de 22 ans qui est clairement, lui aussi, un entrepreneur dans l’âme.

Nous collaborions déjà dans KJC Classics, une sorte de side-business familial très sympa - importation de Land Rover Defenders vintages aux Etats-Unis - mais ce n’était pas suffisant pour nous occuper vraiment.

Tout comme moi, Killian est passionné de belle mécanique et de trucs qui roulent. Lui et moi savions que, quoi que nous fassions ensemble, cela parlerait de voitures et de technologie.

Et nous avons fini par trouver ce projet.

Il y a un an environ, nous avons eu l’opportunité de distribuer en Amérique du Nord une marque française de suspensions que je connaissais depuis une vingtaine d’années pour en avoir été client et beaucoup l’aimer.

Très rapidement, nous avons réalisé que cette collaboration n’était pas pérenne car les actionnaires de la société de suspensions souhaitaient la vendre depuis quelques temps. La cession à un tier qui déciderait de remettre en question nos activités de distribution de cette marque représentait, de fait, un risque de mort subite pour nos opérations.

Sauf à acquérir nous-même la société en question, nous ne pouvions pas raisonnablement continuer ainsi.

Killian et moi avons révisé l’approche que nous avions en tête pour le marché nord-américain, et, après quelques semaines de réflexion et d’échanges, nous avons donc formalisé une offre pour acquérir l’ensemble.

Malheureusement, notre offre qui semblait être en bonne voie n’a finalement pas été retenue pour des raisons que je n’évoquerais pas même si je les comprenais… mais de toutes façons, nous n’avons pas vraiment eu de réponse à notre proposition donc je ne saurais vous le dire avec certitude.

S’en sont suivies quelques semaines de discussions intenses entre Killian et moi.

Nous n’arrivions pas à renoncer à ce projet après avoir autant travaillé dessus et nous être investis dedans, tant humainement que financièrement. Nous voulions aussi voir notre vision se concrétiser et cette aventure regroupait exactement ce que nous avions l’ambition de développer tous les deux.

Au fond de nous, je pense que nous avions encore un peu espoir que la situation se renverse et que nous puissions finalement acquérir cette entreprise en laissant aux cédants un peu plus de temps pour mieux nous connaitre et reconsidérer notre offre, quitte à l’aménager un peu.

Malheureusement, cet espoir ne s’est jamais concrétisé.

Après quelques mois de flottement et d’attente, Killian et moi avons décidé qu’il était temps de créer ce que nous ne pouvions manifestement pas acheter, et de commencer à dérouler la vision que nous partagions.

C’est ainsi qu’est née, ici en Floride, la société Nimbus Suspensions Inc.