Chronique Radio J. 13 février 2025
En voyant l’aspect décharné des trois otages israéliens libérés le 9 février, des images ont surgi de notre mémoire, dont ne pensions pas qu’elles puissent se reproduire. Si Ohad ben Ami a retrouvé les siens Or Levy et Eli Sharabi ont appris les assassinats dans leur.famille.
Certains ont parlé de Shoah. Non, car la Shoah c’est l’organisation de la mise à mort de six millions d’êtres humains, et les mots doivent garder leur sens pour garder leur poids, mais c’étaient bien les visages des survivants à l’ouverture des camps que nous avions devant nous.
Mais ce qui est malheureusement sûr, c’est que l’état des otages libérés ne modifiera en rien le narratif qui fait d’Israel l’incarnation du mal et des Gazaouis l’incarnation du bien.
Le silence du secrétaire général de l’ONU sur l’état des otages, lui qui depuis quinze mois alerte la terre entière sur la famine à Gaza, n’a étonné personne. Antonio Guterres est un compagnon de route de l’islamisme. Un témoignage fait le 27 janvier par une des adjointes le confirme. La Kenyane Alice Nderitu, très respectée dans son pays pour sa rigueur morale, était conseillère spéciale pour la prévention du génocide, un terme qu’elle refusait d’utiliser pour qualifier la situation des Gazaouis. Al Jazeera et les autres medias de sa mouvance l’ont harcelée quotidiennement en raison de cette incompréhensible carence et en novembre son contrat n’a pas été renouvelé par le secrétaire général de l’ONU. Il vaut mieux rester dans la ligne du Qatar pour faire carrière dans une organisation internationale.
Pourtant, et c’est une première, le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU a démenti les accusations du Hamas qui déclare arrêter les échanges sous prétexte qu’Israel ne respecte pas l’accord de cessez-le-feu.
Au regard du spectacle du 9 février, les menaces du Hamas font redouter le pire sur l’état de santé des otages encore au mains du Hamas. Pour les prisonniers palestiniens , il n’y a en revanche pas d’inquiétude à avoir. 700 d’entre eux ont déjà été libérés dont beaucoup sont des assassins de civils israéliens. Tous ont reçu les visites de la Croix Rouge. Ils sont bien nourris, font figure de héros, martyrs et modèles pour les enfants palestiniens et un pécule intéressant, dont les impôts européens ont payé une partie, a été attribué à ceux qui sortaient de prison.
Nous devons cependant continuer de souhaiter qu’Israël libère encore des centaines de prisonniers de ce genre, si cela permet de récupérer des otages survivants. Les pourparlers sont aujourd’hui bloqués et beaucoup de commentateurs, soucieux d’exonérer le Hamas, préfèrent disserter sur les espoirs de paix mis à bas par la politique tortueuse de Netanyahu et les propositions ahurissantes de Donald Trump.
Einstein a dit que la définition de la folie était de refaire la même chose, en espérant que le résultat serait différent. J’ai pensé à cette phrase en lisant les réactions au propositions de Trump..
Il y a des façons bien différentes des les interpréter, depuis une évacuation forcée de deux millions de personnes abandonnées en mer sur des radeaux de fortune jusqu’à un départ volontaire dans des conditions financières avantageuses d’une partie de la population de l’enclave. Personne ne sait ce qu’il adviendra de ces propositions qui peuvent se prêter à de multiples scénarios. C’est évidemment la première image qui a été agitée par les ennemis d’Israel et ils charrient avec elle les idées insupportables de déportation, de génocide, au mieux de purification ethnique. Mais émigration et déportation ne. sont pas des notions identiques…..
Il est politiquement correct d’affirmer que la seule solution, c’est un état palestinien à côté d’un état israélien, et c’est la solution à laquelle je me suis personnellement toujours identifié. Mais quel état palestinien? C’est là que la phrase d’Einstein prend tout son sens. A de multiples reprises la proposition a été faite; à chaque fois les Palestiniens l’ont refusée, ou s’ils ont feint de l’accepter, ils ont fait comprendre à leur population qu’il ne s’agissait que d’une première étape.
Aujourd’hui avec l’emprise religieuse omniprésente dont le Hamas n’est pas le seul modèle car elle parcourt aussi tous les discours de la moribonde Autorité palestinienne, le terme de paix est un contre-sens, plus agréable à nos oreilles que celui de trêve transitoire: la seule paix qui compte serait celle qui rendrait toute les terres du Dar al Islam à ses propriétaires musulmans.
Laisser croire qu’une entité étatique divisée en deux territoires séparés géographiquement serait viable, espérer qu’à Gaza une génération biberonnée à la gloire du martyre et à la mort du Juif (et pas de l’Israélien), se convertirait spontanément en militants d’une démocratie laïque et que l’enclave se transformerait en un nouveau Singapour sous direction palestinienne relève d’une folie intellectuelle au-delà de la pensée magique. Une nouvelle catastrophe est garantie, mais pour les belles âmes, les belles idées importent plus que la laide réalité….
Alors, changer complètement de logiciel, comme le fait Trump avec sa brutalité et probablement son ignorance coutumières, ne mérite pas d’être balayé d’un tournemain. Les solutions qui ont échoué jusque-là n’ont aucune raison de réussir dans l’avenir. Cet échec surviendrait quel que soit le Premier ministre israélien, car il relève avant tout du caractère religieux qui a coloré le conflit , même avec des enveloppes marxistes ou nationalistes, depuis que l’idéologie des Frères Musulmans s’en est emparée, il y a de cela près de cent ans.
Tant que cette réalité ne sera pas confrontée, le discours sur la paix ne servira que de rustine à nos rêves et nos angoisses.