Chronique Radio J. 16 octobre 2025
Simhat Tora est traditionnellement un jour de joie. Ce ne l’était plus depuis 2023. Ce l’est redevenu en 2025.
Pour beaucoup, dont j’étais, l’espoir de voir revenir ces vingt otages dont les services israéliens annoncé qu’ils étaient encore vivants relevait de la prophylaxie émotionnelle et non du discours de la raison. Je pensais que la lente, prudente mais implacable avancée de l’armée israélienne à l’intérieur de Gaza ville pourrait aboutir à quelques libérations ponctuelles, avec des geôliers négociant ici ou là leur survie contre celle des otages qu’ils détenaient, mais comment envisager une libération complète?
Entre des militants du Hamas pour qui les otages étaient le billet de survie dont ils ne sépareraient qu’au goutte à goutte et des ministres israéliens pour qui la destruction du mouvement terroriste, gage d’une meilleure sécurité pour Israël, importait plus que les destins individuels, il n’y avait pas d’échappatoire, d’autant que en deux ans, une seule opération militaire avait réussi, celle de juin 2024 où dans le camp de Nuseirat les commandos marins de la Shayetet et une unité du Yamam dont un des chefs, Arnon Zamora, fut tué durant l’assaut, libérèrent quatre otages dont Noa Argamani.
Il y a deux semaines encore, peu d’Israéliens pensaient que la même Noa Argamani, symbole du 7 octobre avec la video de son enlèvement en moto, pourrait retrouver vivant son compagnon Avinatan Or, dont on n’avait strictement aucune nouvelle. Ce fut pourtant le cas.
Exiger et surtout obtenir que, en préalable à toute négociation, tous les otages israéliens soient libérés a changé Israël, le peuple juif et tous ceux qui l’ont soutenu. Les armes se sont tues, comme l’avaient promis dans le passé les Israéliens à un monde incrédule et de plus en plus hostile.
C’est Donald Trump par son sens des rapports de force qui a su imposer un plan avec des préalables pareils à ses interlocuteurs musulmans dont plusieurs étaient non seulement des soutiens avérés du Hamas, mais des dirigeants inspirés par la même idéologie, celle des Frères Musulmans.
Il n’y a pas à tergiverser là-dessus, même pour ceux qui détestent le Président américain, ses vantardises et ses «accommodements» avec la vérité.Il a été, et ses émissaires aussi, un exceptionnel défenseur d’Israel. Les hommages qu’il a reçus lors de sa visite en Israël en sont une reconnaissance justifiée.
Mais ce résultat n’aurait pas été possible si l’armée israélienne n’avait pas, en poursuivant son offensive, acculé le Hamas au bord de l’effondrement. C’est en grande partie Benjamin Netanyahu, beaucoup critiqué parce qu’il intensifiait une guerre dont on ne voyait pas les objectifs qui, par sa détermination, a conduit à ce collapsus. Il faut lui en rendre hommage, quoi qu’on pense de sa politique, de ses alliances, de ses responsabilités et de sa froideur émotionnelle.
Le Hamas prétend qu’il ne trouve pas les restes de 19 otages. Les services israéliens le contestent; ces services, soit dit en passant, ne s’étaient pas trompés dans les noms des otages survivants, ce qui montre leur efficacité et confirme que l’action de l’armée israélienne sur le terrain était compliquée par la crainte de nuire aux otages.
De ce fait, les Israéliens pensent que beaucoup de dépouilles ne sont pas rendues parce que les causes de la mort seraient trop facilement détectées par les médecins légistes. Car il s’agit d’hommes jeunes qui n’ont certainement pas tous été victimes des bombardements.
A titre de comparaison, sur les 251 otages enlevés par le Hamas, 103 sont morts en captivité, soit plus d’un tiers, alors que la mortalité de la population gazaouie, civils et militaires inclus, telle qu’indiquée par le fameux Ministère de la Santé du Hamas lui-même, est d’environ 3% de la population, soit dix fois moins.
Certains des morts sont des cadavres d’Israéliens que le Hamas a emportés comme trophées; tel était le cas de l’héroïque capitaine Daniel Perez, Juif religieux combattant dans l’armée israélienne, tombé le 7 octobre et enterré hier au Mont Herzl de Jérusalem en présence de Matan Angrest, le seul survivant de son groupe de combat, libéré il y a trois jours. Mais des otages ont été assassinés à Gaza pendant qu’ils étaient en captivité. Ce fut le cas des enfants Bibas et probablement de bien d’autres.
Cela ne semble pas émouvoir grand monde alors que des centaines de prisonniers palestiniens dont beaucoup ont les mains couvertes de sang, iront après leur libération grossir les rangs du terrorisme. On imagine l’opprobre mondiale, parfaitement justifiée d’ailleurs, qui se serait abattue sur Israël s’il avait répondu que certains Palestiniens avaient disparu pendant qu’ils étaient dans ses prisons…
L’absence de retour des dépouilles n’est pas seulement une brèche dans les accords, une blessure nouvelle pour des familles endeuillées, c’est un aveu de culpabilité.
Dès le départ de l’armée israélienne on voit les militants du Hamas patrouiller dans certains secteurs de Gaza ville. Une video montre des exécutions d’hommes agenouillés et abattus en public comme collaborateurs d’Israel.. Des combats ont eu lieu avec des milices rivales qualifiées de gangs par les médias.
Donald Trump a rappelé à sa façon au Hamas qu’il devait se désarmer et le Centcom a menacé d’intervenir. La route ne sera pas simple et certains des associés au plan de paix du Président américain, tels le Qatar et la Turquie essaieront d’éviter au Hamas l’humiliation d’une reddition. Dans la force internationale que les Américains mettent en place ,on dit que la Turquie sera absente, malgré les souhaits de Erdogan. Rappelons que celui-cil avait qualifié l’arraisonnement de la flottille pour Gaza, survenu sans la moindre effusion de sang, de symbole de la barbarie israélienne….
Que deviendra plus tard l’enclave où la reconstruction prendra de nombreuses années et où habite une population très nombreuse, jeune, traumatisée, humiliée, sans perspectives économiques claires et biberonnée à la haine anti-israélienne? Aucun état arabe n’en veut, en particulier l’Egypte qui serait pourtant le pays de rattachement naturel….
Les Israéliens savent qu’une force internationale privée de moyens et d’objectifs deviendra l’otage complaisant des factions terroristes qui l’entourent. L’exemple du Liban est probant et n’a pas échappé aux Américains qui ont rejeté la trop facile tentation onusienne.
Quant à l’option palestinienne pour Gaza, sous la houlette de Mahmoud Abbas, chacun sait, sauf le Président français, qu’elle serait une garantie de chaos….
Cette guerre terrible laisse une population gazaouie dans une détresse dont le Hamas est le responsable et une population israélienne soulagée, divisée mais formidablement résiliente, avec un Etat d’Israël désormais honni à l’étranger en raison d’une propagande mensongère extrêmement efficace. Cet Etat a renforcé sa relation vitale avec les Etats Unis, mais des pays musulmans qui lui sont hostiles ont aussi l’oreille du Président américain .
L’axe du mal dirigé par l’Iran est très affaibli. Il n’est pas abattu.
Il faut apprécier la trêve, et le poids qu’elle nous retire d’une sensation d’impuissance devant le martyre des otages et de leurs familles. La paix, elle, n’est pas encore là, mais au moins a-t-on désormais une possibilité réaliste de l’espérer…….