Simon Detienne

March 11, 2021

Réseaux soucieux

Ce matin, comme tous les matins jusqu'à présent, je me réveille avec une lumière qui se fait enfin présente de plus en plus tôt. Ça fait longtemps que je ne mets plus de réveil, pas de téléphone avant le premier café, soixante pompes pour sortir la tête du brouillard et l'eau de la douche.

Je suis bien. Le monde extérieur n'a pas encore passé la porte.

Un bol de muesli, le café, l'ordi, prêt pour y aller.

Première salve de notifications. Emails de la nuit, groupes Whatsapp et messages Messenger me remettent les pieds sur terre gentiment. Je retarde le moment d'ouvrir Facebook mais je sais qu'il va arriver. Par addiction, par peur de rater un truc, par curiosité ou par un mélange de tout ça, je ne sais pas pourquoi mais j'ai très envie de cliquer l'icône bleue. J'y vais.

Plainte perpétuelle de privilégiés sur des faux sujets. Rien d'intéressant, tout perturbant. Ça fuse dans tous les sens. Tout le monde en prend pour son grade et la moindre idée qui ne va pas dans le bon sens est ridiculisée.

Il y a un gars que j'ai rencontré une fois, on est "amis" Facebook. Soit. Bien sympa et tout hein, attention, et ben son délire du moment c'est la zone 30 à Bruxelles. Genre la planète meurt mais son souci c'est de pouvoir traverser le Sablon en SUV à cinquante à l'heure. Le pauvre crie à la liberté et à l'incompétence d'une ville d'un millions d'âmes.

Puis un article de la RTBF. Léopold II est maintenant Annie Cordy. Le tunnel du moins. Accompagné de ses trois premiers commentaires les plus populaires dessous, il faudrait pas passer à côté du polémique. Ça y est, trente secondes et j'ai déjà perdu ma foi en l'humanité. Je quitte.

Les stories Instagram. Les outrés de tantôt partagent une photo carrée de leur donut pourri. 300 calories instagrammables pour me rappeler que j'en ai rien à foutre d'être là. Le monde édulcoré de Zuckerberg me donne envie de vomir le donut que je n'ai pas mangé.

Pourquoi y retourner chaque jour ? Mille excuses, aucune raison.

Encore un matin, un matin pour rien chantait Goldman.

On fera mieux demain.