Tous les matins, autour de 6h, je lis quelques lignes, au calme, dans mon bureau.
Il y a 3 ou 4 mois, je suis tombé sur une pensée qui m'est restée et a eu un impact très fort sur ma façon de voir les choses.
Le fait de penser délibérément à la mort me rend heureux.
"Délibérément", parce que ce doit être une démarche volontaire, dont le concept de mort doit être le point central.
Je sais ce que vous pensez en me lisant.
Vous vous dites que je dois être déprimé et en grande détresse psychologique pour véhiculer des idées aussi noires.
Mais ce n'est pas du tout le cas, bien au contraire.
Penser à la mort permet d'aborder la vie avec gratitude et humilité, et ça met en perspective tous les autres problèmes que la vie jette sur notre route.
Une fois que tu comprends que la mort est, le plus souvent, soudaine et frappe tout le monde, potentiellement n'importe quand et n'importe où, qu'elle a forcément un caractère irréversible, et que c'est la seule certitude que nous avons vraiment, tu appréhendes le reste, tout le reste, très différemment.
Je me souviens très bien de mon père, et un peu de mes grands-parents, beaucoup moins de mes arrière-grands-parents... et plus du tout de la génération d'avant.
Pourtant, toutes ces personnes de ma famille ont sans doute eu des vies magnifiques - dans le sens où toutes les vies sont magnifiques si on les appréhende dans cet état d'esprit.
Je sais que l'un d'entre eux était une sorte d'explorateur, et que d'autres ont dédié leur vie à servir la France.
Il y en a aussi qui n'ont probablement rien accompli de remarquable, et peu importe.
Ce qui importe, c'est que quand je mourrai, leur souvenir mourra avec moi, comme le mien mourra avec mes enfants, ou avec les deux ou trois générations qui suivront.
Comme le dit le vieil adage, nous ne sommes que de passage.
Chaque jour, pendant quelques minutes, je pense à la mort, son irrémédiable certitude, le fait qu'elle peut frapper à tout instant et au caractère éphémère de ma vie.
De ces pensées qui peuvent sembler morbides, j'en retire un vrai bonheur, une immense gratitude de me réveiller encore ce matin, en relativement bonne santé, pour pouvoir partager ces quelques réflexions avec vous.
Et presque plus rien ne peut vraiment altérer ma journée.
Comme vous, j'ai mon lot de mauvaises nouvelles et de problèmes, mais ils perdent tellement de leur importance lorsqu'ils m'atteignent, qu'ils ne m'affectent plus vraiment, alors que les petits bonheurs, eux, gagnent véritablement en puissance.
Penser à la mort ne la précipite pas.
Au contraire, ça sublime la vie.