Pierre-Olivier Carles

February 17, 2024

Le paradoxe de l'IA

OpenAI vient d'annoncer Sora, un service d'image-to-video et de text-to-video complètement bluffant, capable de produire des vidéos allant jusqu'à 60 secondes avec une qualité encore jamais vue.

Et ça leur a pris comme une envie de pisser, cette annonce étant sortie de nulle part, sans aucun signe avant-coureur.

Pourquoi je parle de paradoxe ?

Quand on développe une entreprise, la première chose dont on a besoin est de stabilité. C'est notamment vrai pour le cadre fiscal et juridique des pays dans lesquels on opère, mais c'est aussi vrai pour le reste : l'ennemi, c'est l'incertitude.

Chez Nimbus, nous avons mis en place un Agent IA qui s'appuie sur l'API d'OpenAI pour offrir à l'équipe une base de connaissance facile à utiliser, puissante dans ses réponses y compris lorsque les questions sont complexes, et fiable.

Cela a demandé vraiment beaucoup de travail - Méline et Steph, si vous lisez ces lignes, je parle surtout de vous.

Et demain, OpenAI va sortir une option ou un service qui va venir balayer tout ce travail pour nous livrer le même résultat sur un plateau, en quelques clics.

Sachant cela, pourquoi ai-je pris la décision d'investir autant dans cet agent que nous avons symboliquement nommé Memory Alpha ?

Pour deux raisons au-delà de l'objet même de l'agent :

La question n'est pas de savoir si l'IA va toucher tous nos métiers ; elle va toucher, à différents degrés, tous nos métiers. Je pense que les organisations ne doivent pas se protéger des sauts technologiques comme celui-ci mais plutôt les embrasser, c'est-à-dire de passer de la défense à l'attaque.

Une défense forte sans attaque, c'est une mort à petit feu pour toute organisation, que ce soit pour les entreprises comme Nimbus, un freelance ou l'équipe de France de rugby ces derniers temps.

Et il n'y a pas mieux que de "faire les choses" - et mettre les mains dans le moteur - pour les comprendre, et, à défaut d'en retirer des bénéfices à court terme, au moins ne pas les subir.

La deuxième raison est que je sais à quel point changer ou faire évoluer une culture d'entreprise est difficile et long. Pendant près de 10 ans, j'ai eu une agence - Stonfield - dont c'était le métier, et je me souviens très bien des difficultés de nos clients. Je ne veux pas que cela arrive à Nimbus.

A l'évidence, l'IA entrera dans toutes les entreprises, et tous les foyers, comme l'Internet l'a fait il y a 25 ans.

Plus on attendra pour y intéresser nos organisations, plus ce sera long et douloureux d'éviter de se retrouver sur le bord de la route et de remonter la pente.

Je crois sincèrement que pour tous - entrepreneur, dirigeants, freelances, étudiants, salariés... - il est irresponsable de ne pas s'intéresser à l'IA, quelle que soit la discipline ou le secteur d'activité, marchand ou pas.

Et donc d'accepter ce paradoxe qui consiste à passer du temps et d'engager des ressources sur de l'éducation, des projets ou des sujets qui seront sans doute obsolètes un beau matin parce que tout à coup, un des innombrables Google ou Microsoft du monde, fera une annonce comme l'a fait OpenAI avec Sora cette semaine.

About Pierre-Olivier Carles

De mon parcours fait d’entreprises, d’investissements, de succès et d’erreurs, je tire des pensées personnelles que je partage ici, en français maintenant. Documenter ce voyage peut en inspirer d’autres, mais, à vrai dire, c’est d’abord à moi que cela apporte quelque chose.